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"Coopuzzle" : Un projet d'arts plastiques mené par madame Sobczak dans les classes de 5ème

Par admin frederic-bazille2, publié le jeudi 13 novembre 2025 10:18 - Mis à jour le mardi 18 novembre 2025 19:46

Présentation narrative de l’expérience « CooPuzzle » :

Les élèves réagissent aux incitations orales qui leurs sont proposées par leur professeur en s’impliquant dans une démarche artistique puis ils l’analysent dans un débat organisé.
« Voici un morceau de papier, c’est un bout de territoire mystérieux qui t’est donné.  Comment montrer que « c’est à toi » ? Comment peux-tu t’approprier cette surface de façon unique et personnelle ? »
Les élèves de 5èmes ont réussi grâce à une création individuelle en couleurs de
monogramme et de logo personnalisé à envahir l’espace de leur feuille par
différents moyens plastiques. Ce travail leur a permis de comprendre
l’importance des multiples recherches pour réussir à affirmer une identité
visuelle.
« Cependant ton morceau de territoire visuel fait partie d’un tout ! En effet il est
difficile d’imaginer que tu sois seul au monde, il va donc te falloir trouver à
quelle planète il appartient ! Pour cela, tu devras découvrir sans dire un seul
mot (car vous ne parlez pas les mêmes langues), qui sont tes voisins. »
Les échanges avec les autres élèves, en extérieur dans la cour du collège, basés
sur les mimes et l’observation des fragments de papier ont permis de découvrir
que les échantillons de chacun avaient des bords découpés avec différents
ciseaux crantés. Peu à peu les élèves ont pu reconstituer le puzzle de leur
planète et découvrir les valeurs humaines qu’elles représentent.
« Quel bilan pouvez-vous tirer de cette expérience ? Comment chacun a-t-il
participé et interagi avec les autres élèves ?  Exprimez-votre ressenti ! »
Il est intéressant d’observer le fonctionnement des classes et d’en faire prendre
conscience aux élèves par une analyse orale ouverte et collective.
Il y a des élèves très vifs qui se tournent vers tous les autres élèves en montrant
leur morceau de papier pour rassembler leurs « voisins » autour d’eux, d’autres
forment des groupes sécurisants de 2 ou 3 par affinité, pour commencer à
chercher, quitte à modifier le groupe de départ au fur et à mesure, pendant
que certains attendent de voir où se trouve leur place pour déposer leur pièce du puzzle à la fin. Pendant ce temps, quelques-uns s’agitent sans aboutir
jusqu’à ce que les autres élèves viennent les chercher pour compléter la
surface commune.
Se pose donc la question de l’investissement dans le groupe. Faut-il se
démener pour trouver ses partenaires à grand renfort de mimes où attendre
tranquillement (ou pas) que tout soit fini et se glisser dans les espaces libres ?
Faut-il prioriser un intérêt personnel ou une réussite collective ? Comment se comporter face à l’autre, aux autres, pour atteindre des objectifs communs ?
Quelles sont les conséquences à court et à long terme sur les relations entre les
élèves des différents positionnements ? Comment la discussion peut faire
évoluer le groupe classe vers plus de cohésion ? Est-ce que le travail en
coopération est bénéfique et comment le réactiver dans d’autres
circonstances ?
« Les morceaux de papiers réunis par le hasard des découpes offrent un
patchwork qui méritent notre attention. Y-a-t-il des connections plastiques
entre les identités graphiques des 6 à 8 élèves de chaque « planète » ? 
Parfois oui, on dirait que les morceaux se prolongent entre eux et qu’il y a un
dialogue visuel de formes, d’espace, de couleurs… Parfois non, car de franches
ruptures entre l’univers graphiques des élèves sont visibles. S’agit-il d’un
véritable clivage ? Basé sur l’apparence ? Peut-on alors s’interroger, au regard
des points communs et des différences, sur les liens possibles ou pas entre ces
élèves ?
Que dire de la frontière entre ces surfaces de papiers découpés et collées ?
Cette coupure est-elle une séparation, une zone de contact ou les deux ? N’a-t-
il pas fallu s’associer, à plusieurs, avec précision pour faire coïncider les
fragments ? N’y a-t-il pas là un lien et une connexion possible entre ces
différents espaces et « leurs habitants » ? Comment penser ces liens, ces
différences et leur cohabitation ?
Une des classes constate qu’il manque un morceau sur une planète. Un élève
est absent de ce cours à long terme, son territoire est resté blanc. « La planète
a un vide, elle semble incomplète et le message écrit n’est pas lisible. Comment
faire ? »
Les esprits s’échauffent : « Je vais prendre son territoire ! », « On peut tous en
prendre un petit bout ! », « On peut le laisser blanc ! », « Mais comment
protéger son espace des autres ? » Les avis divergent fortement, cependant quelques élèves cherchent à trouver des compromis acceptables par le plus
grand nombre : « On peut lui demander son avis ! » « On peut inventer son logo
ou le réaliser pour lui selon sa volonté ? »


Les classes en tant que micro sociétés ont compris par cette démarche
artistique ludique, la nécessité pour chaque élève d’exister et d’être respecté
individuellement. Elles ont aussi réalisé la force d’une vision collective basée
sur la communication et le respect des différences pour atteindre des objectifs
communs de réussite et d’épanouissement.
Se jouent là, sur une simple feuille A3 des enjeux importants liés à la place de
chacun, à la possession, à la répartition de l’espace au sein d’un collège, qui
font curieusement écho aux problèmes politiques mondiaux…
Des références à des artistes engagés dans ces problématiques ont permis
aussi aux élèves d’élargir leur vision du rôle de l’Art par la confrontation des
pratiques artistiques.
Une exposition des 28 différentes « planètes » faites par les 200 élèves de 5 ème
favorisera le partage de cette expérience et mettra en avant les valeurs
humaines encouragées au collège Frédéric Bazille de Castelnau-Le-Lez.
Mme Sobczak